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Un peu d'histoire: L’Hôpital Sainte-Élisabeth de Roberval (Claire-Fontaine)*

27
January 2020

L’Hôpital Sainte-Élisabeth de Roberval (Claire-Fontaine)*

Les débuts de l’histoire de cet édifice remontent en 1939. En effet, suite au départ des frères maristes de Roberval, les clercs de Saint-Viateur reprennent le flambeau concernant l’éducation des garçons. Cette communauté vise alors la construction à Roberval de la plus grande école d’enseignement pour les garçons de la région. Cependant, le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale viendra contrecarrer le projet. Ce n’est qu’en 1947 que la construction de cet édifice revient à l’ordre du jour. Des plans sont alors préparés et les travaux débutent finalement à l’été 1947. Cependant, le Département de l’instruction publique demande l’arrêt des travaux suite à d’importants dépassements des coûts de construction. Il est décidé de transformer la vocation du bâtiment : celui-ci deviendra un hôpital psychiatrique.

En 1950, l’édifice est acquis par la communauté des Petites Sœurs Franciscaines de Marie, dont la maison-mère se situe à Baie-Saint-Paul. Le gouvernement provincial s’engage alors de terminer la construction de l’édifice à ses frais. La nouvelle vocation de l’édifice impose d’importants changements : au sous-sol, la piscine creusée est remplie et on peut encore la distinguer à ce jour. Le gymnase comprend deux étages de haut et pour réaménager cette partie, une charpente de fer construite à l'intérieur sera nécessaire afin de couper l'étage en deux pour abriter les locaux administratifs. À l'intérieur de du futur centre hospitalier, on y ajoute une chapelle pouvant accueillir 600 personnes.

Le bâtiment est finalement terminé en 1952 et représente un ajout massif pour Roberval. En effet, il devient le seul grand hôpital pour handicapés mentaux que connaît le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Lors de l'ouverture, l'établissement devient L'Hôpital Sainte-Élisabeth. Les Petites Franciscaines de Marie de Baie-Saint-Paul prennent en charge l'hébergement des personnes atteintes de déficience mentale. Les premiers bénéficiaires qui y sont hébergés viennent pour la plupart de Baie-Saint-Paul, de l'Hôpital Saint-Michel-Archange de Québec, de l'Hôpital Saint-Jean-de-Dieu de Montréal et de Saint-Ferdinand d'Halifax. Le Dr Fernand Lemelin, spécialiste de Roberval, assume la surintendance.

Dès son ouverture, Sainte-Élisabeth opère à pleine capacité ; on y installe 750 lits et accueillera durant les années 1950 au-delà de 812 patients. Le gouvernement cherche à retirer des asiles existants les malades handicapés mentaux considérés comme ne présentant pas de chance de guérison. Il prend également à sa charge les frais d'entretien et les soins requis pour ces malades. Cette politique libère ainsi les municipalités d'une foule de dépenses qu'elles devaient assumer auparavant.

Avec le dépôt du rapport de la Commission Bédard en 1962 et le développement de la psychiatrie moderne dans les années 1960, arrive une nouvelle conception de la façon de prendre soin des malades mentaux On engage donc au centre hospitalier des spécialistes du domaine de la santé et des services sociaux. On tente d'appliquer la recommandation de la Commission Bédard à l'effet que les malades devraient être traités près du lieu de leur résidence, leur évitant ainsi le déracinement social et leur permettant de garder contact avec leur famille, leurs amis et leur milieu habituel. Avec le développement des programmes à l'intention des déficients intellectuels, des patients atteints de maladie psychiatrique et suite au rapport et aux nouvelles façons de faire, le nombre de patients tend à diminuer.

Plus tard en 1973, les Petites Franciscaines de Marie cèdent l'hôpital à l'État, ce qui amène une nouvelle identification : Le Centre psychiatrique de Roberval (CPR) devient un centre d'accueil pour handicapés mentaux, tout en offrant environ 25 lits de traitement psychiatrique de courte durée. Cette cession se fait dans un contexte provincial. Partout au Québec, au début des années 1970, bon nombre de communautés religieuses cèdent au gouvernement les hôpitaux de tous genres qu'elles dirigeaient.

En 1989, l'application de différents programmes se concrétise et donne lieu à une restructuration importante. Ainsi, suite à une directive ministérielle, tous les services de psychiatrie sont transférés à l'Hôtel-Dieu de Roberval. Dans le cadre de sa nouvelle mission, Le Centre psychiatrique de Roberval change une nouvelle fois de nom, en septembre 1990, et opte pour Le Claire Fontaine. De 1992 à 1994, l'établissement se dirige vers une autre orientation ayant pour but la réinsertion sociale des usagers et le redéploiement stratégique des ressources dans la communauté.

Suite au départ des derniers patients, les locaux du Claire-Fontaine ont abrité le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CROI), le Centre de formation en environnement et recyclage (CFER) et L'Éducation des adultes. Le CFER et L'École des adultes se sont installés dans un nouvel édifice et en 2001. En 2015, le dernier locataire de l'édifice, le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI), quitte définitivement les lieux. Le Gouvernement du Québec annonce officiellement la démolition de l’édifice, qui est jugé excédentaire depuis 1995. La présence d’amiante dans l’édifice retardera sa démolition de plusieurs mois. Finalement, les travaux de démolition débutent officiellement le 27 janvier 2020.

Par ailleurs, des démarches ont été entreprises par la Société d'histoire Domaine-du-Roy pour la préservation des neuf bas-reliefs disposés sur la façade extérieure. Ces œuvres, qui représentent différents corps de métiers, rappellent la première vocation de l’édifice. La Société d’histoire désire mettre en valeur ces bas-reliefs dans un éventuel projet.

*D’après un texte de Klair Girard publié dans le journal Le Raconteur de la Société d’histoire Domaine-du-Roy en 2005. Celui-ci a été modifié pour publication sur Facebook.
En complément d’information, une entrevue de Mme Caroline Marcoux, présidente de la Société d'histoire Domaine-du-Roy, à l’émission C’est jamais pareil de Radio-Canada le 27 janvier 2020
https://cutt.ly/LrRGuCx
Photographie : L'Hôpital Sainte-Élisabeth en 1956. La photographie provient du fonds Studio Chabot. ©️